Changement de marque en ligne pour
le service recrutement d'Unilever,
qui annonce un vaste repositionnement
du groupe cette année auprès
des jeunes diplômés.
Au siège
social d'Unilever France,
8 000 salariés scrutent
quotidiennement les parts
de marché de marques
à la notoriété
éprouvée, telles
Magnum, Fruit d'Or, Omo ou
Lipton. Un bataillon qui s'enrichit
chaque année d'une
centaine de recrues, principalement
des jeunes diplômés
niveau bac + 4 ou bac + 5.
Une cible de plus en plus
difficile à séduire
au vu d'un contexte concurrentiel
qui ne cesse de s'intensifier
entre les acteurs de la "
grande conso ", à
côté des Procter,
Henkel et autre Colgate. Sans
compter qu'au dernier classement
Universum, le lessivier néerlandais
n'apparaissait plus qu'au
31e rang des entreprises pour
lesquelles les diplômés
rêvent de travailler.
Depuis près
de quatre ans, le géant
néerlandais Unilever
a décidé d'utiliser
Internet pour entretenir un
lien régulier avec
les jeunes diplômés.
Cette stratégie avant-gardiste
a également été
déclinée au
sein de la branche française
du groupe. Créé
en octobre 1999, le site Unilevercity
(devenu you-unilever le mois
dernier) est ainsi géré
par le département
des ressources humaines d'Unilever
France. Il génère
aujourd'hui près de
11.000 visites mensuelles
pour 42.000 pages par mois.
« Nous
avons développé
un site sur lequel nous considérons
les étudiants comme
des êtres humains et
non pas comme de simples candidats,
explique Karen Rivoire, responsable
du site. Par exemple, nous
ne cherchons pas à
recueillir de simples CV,
jugés trop superficiels.
Nous préférons
les inviter à constituer
des dossiers de candidatures
en répondant notamment
à des questions ouvertes.
Il est vrai que le dossier
est assez long à renseigner
: je pense qu'il faut une
heure, une heure et demie.
Cela peut paraître long,
mais c'est beaucoup plus intéressant
: les offres que nous proposons
aux candidats sont ainsi mieux
ciblées; eux aussi
ne perdent pas leur temps.
»
« L’utilisation
de ces formulaires se retrouve
dans beaucoup de sites d’entreprises
; c’est une tendance
générale chez
les recruteurs. Car ce qui
nous intéresse, c’est
d’évaluer le
comportement du candidat,
son intelligence émotionnelle,
son savoir-être. On
cherche donc à savoir
comment le candidat défend
ses idées, sa capacité
à prendre des initiatives,
etc. Le tri par CV ne nous
donne pas la possibilité
de prendre en compte ce type
de critères. Les sites
généralistes
d’offres d’emploi
non plus car ils proposent
de trier les candidats en
fonction de leur âge,
leur diplôme, leur niveau
en langues, etc. »,
explique Sophie Dhonte, Responsable
du recrutement des cadres
chez Unilever.
Un positionnement
qui semble séduire
les jeunes diplômés
: Unilevercity à d’abord
permis au groupe Unilever
France de recueillir une centaine
de candidatures chaque mois.
"Malgré la présence
de ce site, il y a aussi un
certain nombre d'étudiants
qui nous adressent encore
leur candidature par courrier,
souligne Karen Rivoire. Parfois,
certains jeunes diplômés
manifestent leur méfiance
à l'égard de
la candidature numérique
et préfèrent
nous adresser leur dossier
sous les deux formes."
Depuis le
lancement du site en 1999,
13.000 personnes se sont inscrites
sur Unilevercity, dont une
part importante demande à
recevoir la newsletter du
site. Un chiffre loin d'être
ridicule, chaque année
le groupe Unilever recrutant
en moyenne une soixantaine
de jeunes diplômés
et environ 150 stagiaires.
Mais depuis
octobre 2002, c'est un changement
radical de stratégie
qui s'est enclenché,
avec lancement de You-Unilever.com,
une marque et un site qui
se veulent plus conviviaux,
plus accessibles et, surtout,
plus proches des candidats.
« Nous avons utilisé
exactement les mêmes
outils de gestion que pour
nos marques commerciales afin
d'adapter notre stratégie
de communication aux nouvelles
attentes de notre cible »,
confie Karen Rivoire. Soit
? « Être challengé,
inspiré par ce que
nous avons à leur proposer.
» Ici, on ne parle pas
de salaire ou de gestion de
carrière, mais surtout
d'un état d'esprit.
« Avec cette nouvelle
marque en ligne et le You,
l'individu se retrouve au
premier plan du site, avec
un logo Unilever beaucoup
plus en retrait », poursuit
K. Rivoire.
Sur Internet,
cela se traduit par un site
un poil plus clair et coloré.
Avec des fonctions enrichies
comme la possibilité
de gérer son dossier
de candidature entièrement
en ligne, et bientôt
de le suivre à la trace,
de recevoir des alertes "
job " par e-mail ou par
SMS, ou encore de dialoguer
avec d'autres candidats on
line. L'idée : créer
un effet communauté
autour de You-Unilever.com,
qui n'existait pas jusqu'alors.
Pour appuyer
le lancement de la nouvelle
marque, il y a eu, le 29 novembre
dernier, le You Day au musée
de la Pub : un après-midi
et une longue soirée
avec les équipes marketing,
ventes et supply-chain d'Unilever,
qui n’était réservé
qu'au 500 premiers à
s'être inscrits sur
You-Unilever.com. Objectif
: leur expliquer en vrai,
dans un contexte ludique,
la vie au sein de l'entreprise
à coups d'animations,
de jeux, de musique et de
fête au-delà
des sempiternels discours
institutionnels.
L'événement
a été relayé
en ligne, sur 5 000 affiches,
12 000 leaflets, dans une
dizaine d'écoles cibles.
Pour l'occasion, Media System
a décidé de
la jouer Culture Pub en détournant
des logos emblématiques
du groupe. En visu, un tube
de dentifrice Signal ou un
paquet de lessive Skip, mais
avec le logo Unilever. «
Qui se cache derrière
cette marque ? » «
You-Unilever.com »,
bien sûr.
Extrait
de l’interview de Sophie
Dhonte, responsable du recrutement
des cadres chez unilever France
(source : lerucher.com)
Quel est
le but de votre site you-unilever.com
?
Sophie Dhonte : « C'est
le premier site en France
destiné aux étudiants,
c'est un magasine on line
d'informations et de services.
Il y a des témoignages
sur les différents
métiers et des interviews
de jeunes cadres de chez nous.
C'est un site communautaire
qui regroupe à la fois
des étudiants mais
aussi toutes les marques d'Unilever.
Le site est vraiment interactif
avec la possibilité
de le personnaliser, de poser
sa candidature ou bien de
poser des questions à
toute personne chez Unilever
avec une réponse rapide
garantie ! C'est l'occasion
d'échanger sur les
sujets qui touchent les étudiants
et de répondre à
leurs questions. »
Comment l'intégrez-vous
par rapport au recrutement
?
S.D. : « C'est avant
tout un outil de communication
: le site nous permet de toucher
des étudiants que nous
n'aurons pas l'occasion de
rencontrer sur des forums.
Le site donne des informations
précises sur le groupe
et sur notre politique de
recrutement mais montre aussi
comment fonctionne Unilever
avec une forte interactivité
ou l'avis des gens nous intéressent.
Le site s'inscrit d'ailleurs
dans une campagne de communication
intitulée « We
need U to write Unilever .En
terme de façon de postuler,
c'est un outil comme un autre
: si les gens sont plus à
l'aise en remplissant leur
dossier à la main,
qu'ils le fassent à
la main, s'ils sont plus à
l'aise pour le faire par informatique,
qu'ils le fassent par informatique.
»
Que pensez-vous du recrutement
sur Internet ?
S.D. : « Pour moi, la
grande révolution est
dans le fait qu'on puisse
être beaucoup plus passif
en tant que candidat, beaucoup
plus à l'écoute
du marché : ce n'est
pas la même chose que
d'aller acheter un journal
de petites annonces. On peut
être en veille permanente
en allant sur un site d'emploi
par exemple ou on attend de
recevoir un mail sur les petites
annonces qui pourraient éventuellement
convenir.C'est certainement
un endroit où il faut
être, et pour les candidats
et pour les entreprises. Je
ne pense pas que ça
va fondamentalement changer
la face du monde : c'est un
outil de plus qui va peut
être remettre en question
certaines choses car c'est
un outil beaucoup plus réactif.
Il est vrai que nous mettons
nos offres sur you-unilever,
et que nous n'allons pas forcément
les publier dans un magasine.
Lorsque nous faisons une publication
de presse, c'est vraiment
que nous avons du mal à
remplir le job. C'est effectivement
un moyen de diffuser l'information.Ca
n'améliore pas forcément
la qualité des candidatures
car le tri sera toujours fait
par le dossier et par l'entretien.
J'ai l'impression qu'il y
a beaucoup de candidats qui
ont tendance à envoyer
leur CV à 200 entreprises
parce que c'est un simple
clic alors qu'avant il fallait
écrire, et finalement,
ils n'ont peut être
pas réfléchi
plus que cela à leur
projet professionnel, à
ce qu'ils cherchent ou à
ce qui est important pour
eux dans un emploi.Ce qui
est évident c'est que
l'on est dans un marché
qui est en faveur des demandeurs
d'emploi ce qui est un juste
retour des choses par rapport
au marché extrêmement
difficile qu'il y a eu au
début des années
90. Je suis sortie de l'école
à ce moment-là
et j'en ai bavé ! Mais
raison de plus à mon
sens pour que les candidats
choisissent les entreprises
dans lesquelles ils veulent
postuler, plutôt que
de postuler à tout
va. Cela s'inscrit dans une
réflexion plutôt
que dans la rapidité
de l'envoi. »
Recevez-vous beaucoup de candidatures
par le biais de you-unilever.com?
S.D. : « Je n'ai pas
les derniers chiffres en tête,
mais une chose est sûre
: lorsque je reçois
les candidats en entretien,
même si leur dossier
est rédigé à
la main, ils sont allés
sur you-unilever se renseigner
sur l'entreprise. Pour moi,
c'est par ailleurs un outil
de communication, qui fait
que l'étudiant qui
est dans une faculté
en province dans laquelle
on ne se rend pas, a quand
même l'occasion de rentrer
en contact avec nous. Ca rentre
tout à fait dans notre
démarche de vouloir
nous ouvrir à des profils
un petit peu différents.
»